Je ne suis pas fou

Chaque soir, c’est la même routine : la mère du narrateur prépare une tarte pendant qu’il regarde le téléjournal avec son père, puis elle l’échappe sur le sol et fait cuire une pizza. Le narrateur soupe ensuite, mais ne se ressert jamais puisqu’il ne doit pas couter trop cher. Il le sait, ses parents le gardent juste pour ce qu’il rapporte, les fameuses « allocations familiales ». Et même si chaque jour est pareil, il ne doit pas craquer. Parce que ses parents n’attendent que ça, non ? Qu’il flanche pour l’enfermer et conserver l’argent. Qu’ils soient enfin débarrassés. Mais ne pas réagir est si difficile…

L’adaptation graphique du roman Je ne suis pas fou d’André Marois est publié en adultes chez Héliotrope, mais peut quand même rejoindre un public intermédiaire et avisé. Pour la fin du secondaire !

L’avis de Sophie

Attention, cette œuvre vise un public averti et je me dois de vous le mentionner en premier parce que je sais que mon lectorat ici est large. Et ce livre est dérangeant, ça, je ne peux le nier, mais je trouve aussi que c’est une lecture vraiment intéressante pour le deuxième cycle du secondaire, tant pour la forme que pour le fond. Il y a d’abord cet univers répétitif et si singulier dans lequel évolue le narrateur, puis cet enfant lui-même, mature tout en étant naïf, prudent quoique parfois impulsif. C’est presque ensorcelant, ce livre, alors qu’on sent bien que ça ne peut que déraper et que l’étrange côtoie le sordide tout en restant sur le fil… est-ce vrai ou imaginaire ? Qui est fou ?

Ce texte est d’abord paru sous une forme classique, en roman, mais cette nouvelle version apporte un plus indéniable. Les illustrations en noir et blanc de Gérard Dubois ne sont pas que belles, elles ajoutent aussi une couche de sens à l’ensemble, allant parfois plus loin que le texte, offrant aux lecteur·rices un angle différent sur ce qui est raconté. Le style colle par ailleurs parfaitement au texte et rend le tout encore plus étrange, si possible.

J’en ressors perturbée, mais fascinée. Un récit frappant !  

Merci à Héliotrope pour le service de presse !