Tout commence par une lettre rédigée dans les tranchées de la Première Guerre mondiale et arrivée à destination plus de quatre-vingts ans plus tard, qui met Pierre Bayard et Édith sur la piste d’un livre dont personne ne semble se souvenir. Elle aurait été écrite par un certain Bar… et raconterait une histoire où à propos d’un garçon au cœur de pierre en plus de contenir un « Pan ». Voici la fine équipe en route pour Londres, suivant le fil des souvenirs de leur cliente. Il sera question de désherbage (quelle horreur), de la première lecture d’un récit incroyable et de ces questions qui se cachent entre les pages…
Deuxième de la série autour du personnage de Pierre Bayard, mais pouvant se lire de façon indépendante, L’affaire Peter Pan offre une aventure remplie de rebondissements tout en s’intéressant aux mécanismes de la lecture et à ses mystères. Pour un lectorat intermédiaire !
Oh quel plaisir de retrouver Pierre, Édith, Bas-de-Caisse, Minuit-Pile, Gugule… et même Élise Mieux (malgré qu’elle demeure énervante au possible). Il y a une magie certaine dans ce petit noyau précis de personnages qui fait qu’on a tout de suite envie de suivre leurs aventures (peut-être bien que ça a à voir avec leur amour de la lecture…). Le monde que Clémentine Beauvais a inventé et creuse autour d’eux est d’ailleurs de plus en plus jouissif, rempli de surprises ravissant la littéraire en moi, de clins d’œil aux stratégies de lecture, de trouvailles brillantes (coucou Minuit-Pile) et de répliques percutantes (dont Bas-de-Caisse est la championne).
Après… il faut savoir que cette histoire-ci est quand même plus particulière que la première de la série. Tout ce qui tourne autour du mystère à résoudre dans le roman de Peter Pan (et avec l’aide des autres œuvres de J.M. Barrie) est vraiment intéressant. Encore une fois, l’autrice choisit un angle inattendu, surprenant, autour d’une question qui, une fois lue, semble aller de soi. Mais oui, dites donc, comment ça se fait que je ne me sois jamais posé la question ? (C’est le genre de lecture qui nous donne l’impression qu’on est un peu paresseux·ses face aux livres, sachez-le !). Cette deuxième histoire m’a aussi vraiment donné envie d’aller lire les œuvres du véritable Pierre Bayard grâce à un habile jeu entre réalité et fiction (Harry Potter y fait d’ailleurs son apparition de façon subtile) astucieusement réalisé.
Toutefois toute l’histoire autour de la maison en Angleterre et de ses habitants (vous comprendrez en lisant) m’a laissée sceptique. Je veux bien qu’on joue avec les frontières de la réalité, j’en accepte différents termes avec plaisir, mais vient un moment où j’ai l’impression que l’autrice a trop cherché à coller à Peter Pan et qu’on y a perdu une dose de crédibilité en cours de route. Ça ne m’empêchera bien entendu aucunement de le conseiller et je me jeter sur la suite, mais j’ai été juste un peu moins emballée cette fois !
À noter : il peut être complexe de se rappeler du tome précédent au début d’une nouvelle lecture et ici Clémentine Beauvais guide son lectorat de façon originale, prenant le temps de nommer les faits importants pour celles et ceux qui n’auraient pas encore lu l’Affaire Petit Prince (sans rien divulgâcher, d’ailleurs, bravo) tout en offrant, pendant ce temps, un petit défi à celles et ceux qui l’ont déjà fait. C’est malin ! (On aurait peut-être pu toutefois se passer des nombreux incitatifs à lire le premier livre qui viennent ensuite et qui, quoiqu’humoristiques, deviennent un peu lourds…).
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