À 17 ans, la vie de Chloé bascule lorsque Noa, son ami de toujours, meurt tragiquement en plongeant dans un lac par un après-midi d’été. Sans lui, elle se retrouve désemparée, perdue dans un vide immense, elle qui partageait avec lui aussi bien les souvenirs d’enfance que les rêves d’avenir. Pourtant, la vie continue et la rentrée scolaire la rattrape. C’est alors que Noa réapparait, sous la forme d’un fantôme, mais fidèle à lui-même, comme s’il n’était jamais parti. Grâce à cette présence, Chloé entreprend un long chemin naviguant entre le passé et l’avenir tout en s’ouvrant peu à peu à de nouvelles relations, que ce soit avec Sandro, Antoine, sa mère ou encore la famille de Noa.
Écrit avec délicatesse et une pointe d’humour, ce roman sensible et lumineux explore le deuil comme une expérience de transformation intérieure où, à travers la mélancolie, il est possible d’entrevoir la possibilité d’une reconstruction. Étant donné le thème,il s’adresse surtout à un lectorat plus âgé ou plus mûr, capable d’accueillir la tristesse de Chloé face à la disparition de son ami. Il trouvera également un écho particulier chez ceux qui, ayant eux-mêmes perdu un être cher de façon brutale, se reconnaitront peut-être dans les mots de l’autrice, Laureline Maumelat.
Lorsqu’on parle de deuil, on évoque souvent les fameuses phases du processus (choc, déni, colère, etc.). Or, je n’ai jamais aimé cette vision qui place dans un cadre figé ce qui est avant tout une expérience profondément intime et unique. Je trouve que ce roman propose une autre lecture du deuil, en mettant en lumière la destruction intérieure laissée par la perte d’un être cher, le combat silencieux qui s’installe lorsque notre vie ne sera plus jamais la même et cette contradiction entre le désir de disparaitre avec celui qui est parti et l’obligation de continuer dans une existence qui nous parait étrangère, mais qui, malgré tout, se construit autour de nous. À mes yeux, une grande partie du deuil consiste précisément à apprendre à vivre dans ce quotidien bouleversé, devenu méconnaissable du jour au lendemain. Chloé incarne ce tiraillement entre ces deux réalités : celle qui existe et celle qui aurait pu être si Noa était encore là.
L’apparition de Noa comme fantôme devient alors une manière pour elle de lutter contre la brutalité du réel, de l’adoucir peut-être ou encore de préserver l’univers qu’ils s’étaient bâti ensemble. Peu importe l’explication, j’aime l’idée qu’il demeure à ses côtés, comme une présence qui l’accompagne sur le chemin de la reconstruction. Grâce à lui, sa douleur se fait plus douce et, peu à peu, ses yeux s’ouvrent à ce qui s’offre désormais à elle. Elle apprend à guérir son cœur afin de reprendre pied dans le présent. J’ai d’ailleurs apprécié cheminer avec Chloé à travers ses pensées et ses émotions, mois après mois, témoin de sa reconstruction fragile, mais réelle.
Roman sensible, à fleur de peau, Vivre sans attendre touche par l’authenticité des émotions qu’il fait surgir. Derrière un style simple qui met en valeur l’évolution des personnages se dessine une histoire profondément touchante.
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